La vie m'a toujours montré qu'il y avait pour chaque problème, pour chaque inquiétude, pour chaque chose, une raison. Et s'il y a une raison, il y a donc un remède. J'ai aussi toujours pensé être la seule à être capable de me comprendre, c'est pourquoi j'ai toujours essayé de résoudre mes problèmes seule. Seulement voilà, la vie m'a aussi montré que c'est impossible. On a besoin de l'aide des autres et c'est aussi pour cette raison qu'il faut s'entourer des bonnes personnes.
Je me suis demandée depuis aussi longtemps que je me souvienne pourquoi j'avais l'impression que quelque chose me manquait. Maintenant je sais. Sans vouloir être arrogante, je pense que je suis assez intelligente et je pense aussi que je suis la seule à me connaître vraiment. L'ironie est que toutes les choses que je me reproche comme de ne pas avoir profité du collège, de m'être fait des amis que j'aurais peut-être toujours ou de m'être toujours rabaissé, de ne pas m'être fait confiance, toutes ces choses, je les ai faites à cause de mes parents. J'ai perdu confiance en moi quand mon père a commencé à critiquer mon physique, j'ai commencé à m'isoler à la minute où ma mère a commencé à m'interdire de sortir, d'aller à des anniversaires en primaire et à me dire que les autres ne voulaient que mon mal, qu'ils ne m'aimaient pas. J'ai toujours pensé que mes parents s'imaginaient les pires choses parce qu'ils se méfiaient beaucoup des autres. J'ai été seule, j'ai fais des erreurs en essayant de leur prouver qu'ils avaient tord. J'ai pensé que le problème venait peut-être de moi. Et s'ils avaient raison? Je suis si détestable? Je suis vraiment crédule alors, ça doit être ça, personne ne m'aime. BAM, dépression et isolement garantie ce qui fait que je m'attachais à n'importe qui au moindre signe d'affection. Je vous laisse imaginer que ça n'a pas eu de belles conséquences. J'y ai vraiment réffléchi en pensant que le problème venait de moi. Mais le problème c'était pas moi, c'était mes parents qui ne m'avais pas une minute fait confiance. Pour mon père, je suis une feignasse de première qui mange trop, alors que j'ai toujours travaillé avec acharnement. J'ai passé une année de terminale cauchemardesque avec les disputes permanentes de mes parents et les ignominies que me disait constamment ma mère. J'ai eu des notes effroyables en sciences. Mais quand le BAC approchait, je suis sortie de ma léthargie et j'ai travaillé comme une folle, jour et nuit, même si ma soeur faisait du bruit dans ma chambre de manière délibérée, même si mes parents se criaient dessus à toutes heures. J'ai eu mon BAC. J'ai même fais mieux que juste l'avoir, j'ai obtenu la meilleure mention et frôlé la perfection en SVT. Oh mais si vous demandez à ma mère, elle vous dira que c'est entièrement grâce à elle. Elle m'a dit que sans elle, je n'aurais jamais eu le BAC. C'était la première fois de ma vie que j'apprenais qu'il était possible de rester sans voix.
Ma mère me prend pour une pouffiasse superficielle intéressée, idiote, dont les fréquentations sont forcément médiocres. Elle pense toujours que les autres se servent de moi ou essaient de me faire passer pour une idiote. Et vous savez pourquoi? Parce que c'est ce qui lui arrivait étant jeune. Elle n'arrive pas à se rendre compte que je ne suis pas elle. J'en ai marre qu'elle me colle son image sur le dos. Même si elle avait peur pour moi, c'était en aucun cas une raison de me rendre aussi triste et isolée. Il faut que j'avoue que ma mère, peut importe à quel point je l'aime, a souvent eu un comportement toxique à mon égard. Combien de fois ais-je pleuré à cause de mes parents? Combien de fois me suis-je accablée? A quel point me suis-je retournée le cerveau à la recherche du pourquoi du comment je n'allais pas bien? Quand la réponse était juste sous mes yeux. Je le savais peut-être un peu mais je me disais que c'était trop facile comme réponse, que c'était injuste d'accuser mes parents qui prennent soin de moi comme ils le peuvent, qui ne réalisent sûrement pas les conséquences de leurs actes. Pour eux, tant que mon bulletin allait bien, tout allait bien.
J'ai toujours suivi le moindre ordre de mes parents mais aujourd'hui je veux faire ce que je veux faire. Je veux penser par moi-même. J'ai été la fille la plus sage, la plus compréhensive et la plus obéissante qui soit et ça ne leur a jamais suffit. Ils m'ont toujours reproché quelque chose, ils ne m'ont jamais comprise ni vraiment écouté en fait, et plus que tout, ils ne m'ont jamais fait confiance et ils ne m'ont jamais laissé une once de liberté.
Tout ça pour dire que j'ai arrêté d'être leur pantin, je suis vivante maintenant et tout semble différent. Je sais qui je suis et je crois en moi. Je n'ai plus peur des autres et je ne suis plus convaincue que personne ne m'aimera jamais. Je sais que si on ne me traite pas comme je le voudrais, le problème ne vient pas de moi. Je sais que même si je ne trouve pas ce que je recherche quelque part, il se trouve alors autre part, et il serait donc dommage d'arrêter de chercher. Je me vois un avenir plus joyeux pour la toute première fois depuis très très très longtemps et c'est tellement rassurant et c'est reposant de ne plus penser en boucle à tout ce qui me perturbait et que je ne comprenais pas. J'y vois plus clair maintenant. La seule chose dont j'ai peur c'est que mes parents aient à nouveau une mauvaise influence sur moi. Je ne veux plus jamais me perdre et me prendre pour ce que je ne suis pas. Je suis Blair. Ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, c'est mon idéal d'être bien en étant moi. Je suis fière de moi de pouvoir l'être. Je laisserai plus personne détruire ça, je me protégerais maintenant que j'ai compris tout ça.
Je pense qu'être soit est ce que l'on a de plus précieux.